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Photo du rédacteurDiana Messagère-Becker

Elle s'appelait Sarah

Depuis plusieurs soirs, j'ai les larmes aux yeux parce que ma fille répète une chanson qu'elle doit chanter en cours de musique : “Comme toi” de Jean-Jacques Goldman.

Cette chanson, je l'écoute depuis mon enfance et elle me touche toujours autant.


C'est l'histoire d'une petite fille juive qui s'appelait Sarah et qui a disparu pendant la Shoah.


Je suis très sensible à cette période de l'histoire.

J'ai d'ailleurs failli m'appeler Sarah puisque ma mère hésitait entre ce prénom et celui qui est le mien aujourd'hui.


Enfant, je faisais des rêves effroyables dont je voulais sortir à tout prix mais ils revenaient régulièrement : Je m'y voyais comme une jeune fille pourchassée, traquée et apeurée. J'essayais de me cacher et d'échapper à une horde d'hommes en fureur. Chaque nuit, je croyais que mon cœur allait s'arrêter de battre.


Plus tard, j'ai visité un camp d'extermination.


Et à l'université, j'ai accepté de faire une enquête pour l'un de mes professeurs qui était de religion juive. Je devais trouver des informations sur un groupe de résistants dont certains étaient juifs. J'ai plutôt bien relevé le défi.


Je suis aussi passée d'innombrables fois devant la maison d'Anne Franck à Amsterdam.


Et puis, j'ai bien sûr fréquenté d'anciens cimetières juifs. Ils sont au nombre de trois à l'endroit où je vis. Les dernières tombes datent de la seconde guerre mondiale. Après, il n'y avait plus personne à y enterrer puisque les juifs qui habitaient sur mon secteur ne sont plus jamais revenus de leur déportation.


Chose étonnante, lorsque je n'avais pas encore compris que j'étais médium, j'ai emmené deux de mes anciens petits amis visiter ces cimetières juifs dès nos premiers rendez-vous. Ils ont trouvé ça très étrange.


Et puis je me souviens de cet homme qui m'avait dit : ”C'est bizarre, t'as l'air juive. J'espère que ce n'est pas le cas”. Je l'avais très mal vécu. J'étais choquée même. Je me disais : “Non, je ne le suis pas. Mais et si je l'avais été? Tu ne m'aurais pas fréquenté?”. Je n'ai jamais pu passer au-dessus de cette remarque.


J'ai la sensation très forte que j'ai connu la Shoah dans une autre vie.


Diana Becker

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